Campagne « Pas de pétroliers à Auca Mahuida ! »

logo auca

Face aux pressions des gouvernements et des multinationales, et à l’avancée aveugle de l’extractivisme, en particulier au travers du développement de l’exploitation d’hydrocarbures non-conventionnels (HNC) dans la province de Neuquén, en Patagonie argentine, nous avons décidé, à l’initiative de la Multisectorielle contre la fracturation hydraulique de Neuquén, et en partenariat avec de nombreuses organisations nationales et internationales, dont les Amis de la Terre, de lancer la campagne « Pas de pétroliers à Auca Mahuida ! ».

L’objectif de la campagne est d’attirer l’attention sur cette aire naturelle protégée emblématique, et de mettre un frein définitif aux activités extractives qui y sont menées par des entreprises en toute impunité. Celles-ci sont protégées en effet par les vides législatifs, et par la violation des normes, favorisés par le gouvernement provincial lui-même.

Concrètement, nous demandons au gouvernement de la province de Neuquén de rendre effective la politique de conservation à perpétuité des Aires naturelles protégées, par l’adoption des décrets d’application de la Loi 2594, enterrés intentionnellement depuis six ans. De plus, nous exigeons des entreprises présentes, leur départ de l’aire et la réhabilitation environnementale des impacts causés.

Affiche1La campagne dénonce également le fait que nombre de ces entreprises développent certaines opérations en Argentine, sur nos territoires, alors que de telles pratiques sont interdites dans leur pays d’origine, poursuivant le profit à tout prix et sans réparer les dommages collatéraux importants. Nous considérons qu’exiger l’application de la législation provinciale, et l’interdiction de toute activité pétrolière dans l’Aire naturelle protégée d’Auca Mahuida, est une étape minimum mais fondamentale pour empêcher que les secteurs industriels multinationaux – aidés par les gouvernements national et provincial – outrepassent nos législations, portant atteinte, de cette manière, à la souveraineté environnementale, et le droit des populations à la gestion libre de leur patrimoine naturel et culturel.

En 2012, le gouvernement de Neuquén a autorisé pour la première fois en Argentine (et très certainement dans le monde), l’exploration d’hydrocarbures non conventionnels dans une aire protégée, utilisant la technique de fracturation hydraulique. Ce puits a été foré à Auca Mahuida par l’entreprise Total Austral, filiale argentine du groupe français Total, qui détient d’autres puits et concessions chevauchant l’aire.

Nous cherchons à mettre à jour publiquement le rôle fondamental qu’ont les Aires naturelles protégées pour la conservation de la faune et de la flore.dvd6

Nous voulons aussi attirer l’attention publique sur la nécessité et l’obligation légale de défendre ces aires protégées, et d’accompagner les travailleurs qui font tout leur possible pour les conserver et les protéger malgré le peu de ressources dont ils disposent.

Les Aires naturelles protégées sont le terrain de ce manque de décision et d’action politique pour la protection du patrimoine naturel et culturel de la province. Là se manifestent clairement l’absence et l’abandon de critères et politiques socio-environnementaux, lesquels guident l’action de l’extractivisme, promu par les gouvernements ces dernières décennies.

Nous cherchons à ce que chacun puisse apporter sa contribution dans ce combat, par une signature, une déclaration de soutien, en diffusant la campagne ou simplement en organisant des groupes de soutien locaux à cette initiative.

Le 29 octobre 2014, lors du Forum des Aires naturelles protégées, qui s’est réalisé dans la ville de Neuquén, nous avons officiellement lancé la campagne « Pas de pétroliers à Auca Mahuida ». Cette campagne sera diffusée grâce à un site internet, au travers de pétitions publiques, de déclarations et de nombreuses activités pour arriver à ce que Auca Mahuida soit enfin libérée de la présence des compagnies pétrolières.

Nous t’invitons à faire partie de cette campagne !

Rendez-vous sur le site internet dédié à la campagne.

Pour adhérer à cette campagne, en ton nom propre ou au nom de ton organisation, cliquer ici.

Auca Mahuida et les impacts de l'exploitation d'hydrocarbures

L'aire naturelle protégée Auca Mahuida a été créée en 1996 par le Décret du Pouvoir Exécutif Provincial n°1446/96. Elle a une superficie de 77.020 hectares, et se situe à l'Est de la province de Neuquén, en Patagonie argentine. Du point de vue floristique, cette réserve protège des éléments de la steppe arbustive du maquis (environnement qui ne se trouve qu'en Argentine et dispose d'une faible protection), des prairies patagoniques du district de Payunia et des spécimens de flore des Hautes Andes. 14 espèces endémiques végétales ont été observées dans la réserve, uniquement présentes dans la Payunia.

Auca Mahuida est l'une des zones concentrant le plus de diversité de mammifères de toute la steppe patagonique. On y remarque la présence de guanacos, pumas, renards roux et argentés, chats sauvages et des pampas, furets communs et patagoniques, moufettes, lièvres de Patagonie, tatous tronqués, pichis, grands tatous velus, viscaches….

De plus, on enregistre plusieurs dizaines d'espèces d'oiseaux, ce qui fait qu'Auca Mahuida a été déclarée « Aire d'importance pour la conservation des oiseaux » (site d'importance critique pour la conservation des oiseaux), par une initiative mondiale de BirdLife International et Aves Argentinas. C'est l'un des foyers de peuplements du condor les plus orientaux de Neuquén et d'Argentine, les premiers nids ayant été découverts très récemment dans l'aire, ce qui accroît son importance. Trois espèces endémiques argentines ont également été observées dans l'aire : la « monjita castaña », le phrygile charbonnier, et le chipiu cannelle.

Quant aux reptiles, trois espèces endémiques à la réserve ont été vus dernièrement et il est probable qu'il existe d'autres espèces sauriennes à découvrir.

Le Mont Auca Mahuida est un site mythologique, rituel et cérémoniel pour les habitants criollos et mapuches. De nombreux sites archéologiques sont présents dans la réserve, notamment le Cerro Las Brujas (« Mont des Sorcières ») où l'on trouve des pétroglyphes et des peintures rupestres. D'un point de vue paléontologique, dans de nombreux secteurs de la réserve on trouve des unités continentales du Crétacé Supérieur qui abritent très probablement des restes de fossiles de dinosaures. Enfin, neuf familles criollas vivent dans la réserve, se consacrant à l'élevage caprin.

Actuellement, le principal impact sur l'aire protégée est le développement de l'extraction d'hydrocarbures. Plus de 800km de chemins ont été percés pour la prospection sismique, ce qui multiplie les voies d'accès pour les braconniers ; près de 30 carrières d'extraction de granulats ont été créées, ce qui mène à la perte de la végétation et la dégradation du sol ; 70 puits d'extraction ou d'exploration de pétrole et de gaz ont été forés ; enfin, la construction de plusieurs chemins, de nombreux gazoducs, oléoducs, lignes électriques et même de batteries aggravent les impacts.

En 2012, le gouvernement de Sapag a autorisé pour la première fois en Argentine (et très certainement dans le monde), l'exploration d'hydrocarbures non conventionnels dans une aire protégée, utilisant la technique de fracturation hydraulique. Ce puits a été foré à Auca Mahuida par l'entreprise Total Austral, filiale argentine du groupe français Total, qui détient d'autres puits dans trois concessions chevauchant l'aire. De son côté, Shell a déjà foré 6 puits non conventionnels aux abords de l'Aire protégée, et les entreprises ExxonMobil et YPF suivent le même chemin avec des concessions dans l'Aire, toujours dans l'objectif d'exploitation du bassin de Vaca Muerta.