Perte d’une nouvelle pastille radioactive dans un puits de gaz de schiste de Total
L’accident est arrivé à 2 300m de profondeur à Aguada Pichana, permis détenu par Total en Patagonie argentine. Au delà des risques potentiels liés à cet incident particulier, il témoigne encore une fois de l’absence de contrôle existant sur les opérations menées par les entreprises pétrolières. Alors qu’elle se dit responsable, et contrairement à ce qui est requis lors d’incident de ce type, l’entreprise Total n’avait même pas prévenu les autorités provinciales qui ont été informées par la presse, ce qui laisse craindre l’existence de nombreux autres incidents potentiellement plus graves.
Article paru le 10 juillet 2014 dans le Diario Rio Negro (Agence de Neuquén).
Actualisation le 4 septembre 2014 : Total a abandonné les recherches de la pastille radioactive et le puits a dû être cimenté. Pour en savoir plus, lire le nouvel article du Diario Rio Negro « Neuquén: otra pastilla radiactiva quedará cementada bajo tierra« .
Traduction : Les Amis de la Terre France
Perte d’une nouvelle pastille radioactive dans un puits de gaz de schiste de Total
L’accident est arrivé à 2 300m de profondeur à Aguada Pichana, [permis détenu par Total en Patagonie argentine]. Le secrétaire d’État à l’environnement [de la province de Neuquén], Esquivel, s’indigne de pas avoir été informé.
Pour la deuxième fois en un peu plus d’un mois, une pastille radioactive a été perdue à 2 300 mètres de profondeur. Cette fois-ci l’incident a eu lieu sur un puits opéré par l’entreprise Total, dans le gisement Aguada Pichana, alors que des ouvriers du sous-traitant Halliburton étaient en train de réaliser ce qu’on appelle un « profilage », une sorte de radiographie de la perforation.
Cela fait plus d’une semaine que l’entreprise essaye de « repêcher » la pastille, sans succès. Pour ce faire, elle suit un protocole strict de l’Autorité de Régulation Nucléaire (ARN), qui fut informée de ce cas.
Le secrétaire d’État à l’environnement, Ricardo Esquivel, a confirmé les faits, et, même s’il a précisé qu’il s’agit d’une question opérationnelle et qu’il n’y a pas de risque environnemental, il s’est montré très contrarié car Total ne l’avait pas informé de l’incident. Il a même assuré qu’il évalue la possibilité de mettre une amende à l’entreprise.
« L’entreprise a l’obligation de nous informer comme il se doit, et elle ne l’a pas fait. Ce n’est que par vous qu’on l’apprend » a-t-il dit, en référence à l’appel réalisé par le journal « Rio Negro », qui le contactait pour avoir plus de détails sur l’incident. « Ce sont des contingences qui peuvent arriver lors des opérations, et il y a des protocoles à suivre ».
L’incident a eu lieu sur le puits non conventionnel APN309, sur le permis Aguada Pichana. C’est là que l’entreprise française Total a lancé un projet pilote de gaz de schiste, qui avance avec de bons résultats productifs. Il y a un peu plus d’un mois, un fait similaire a eu lieu sur un puits opéré par YPF [l’entreprise renationalisée], et où le sous-traitant était aussi Halliburton. Il s’agit du gisement Cerro Hamaca, à 20km de Rincon de los Sauces.
A cette occasion, cependant, il fut impossible d’extraire la pastille perdue, et suivant le protocole de l’ARN, le puits a dû être cémenté. YPF a précisé qu’ « après des mesures faites en surface », on a constaté « de manière absolue une absence d’émissions », et ils écartent donc « tout risque pour la santé et l’environnement ».
Les outils avec éléments radioactifs sont très utilisés dans le secteur pétrolier. Ils servent surtout à connaître les caractéristiques de la roche réservoir via des « rayons X ».
Les principales entreprises sous-traitantes utilisent ce type de technologie, même si elles ne diffusent pas d’information sur le type de sources utilisées pour générer la radioactivité, pour une question de secret industrielle. Pour ce type d’outils, sont habituellement utilisés du cobalt 60, iridium 192 ou tritium.